Le soutien psychologique aux malades souffrant de céphalées de
tension chroniques
Bonjour,
Comme je n’ai déjà dit à de nombreux malades, membres ou ayant contacté l’association, au moins 80% des céphalées de tension chroniques _ y compris les plus douloureuses ou handicapantes _ sont d’origine psychosomatique.
Cela ne veut pas dire que, chez certains malades, il n’y a pas des facteurs de prédisposition à cette maladie, mais que chez ces derniers, les stress intenses, les graves traumatismes ou souffrances psychiques s’expriment dans des sortes de « dérèglements » ou « signaux d’alarme » corporels.
Chez certaines personnes, le fait de vivre un contexte psychologique pesant, douloureux, négatif, dans une impression d’impasse, dans une série de soucis et de problèmes non résolus et lourds _ dont le malade n’arrive pas à se sortir _ peut provoquer chez lui l’apparition de maladies psychosomatiques.
Chez certains, la manifestation psychosomatique sera, par exemple, une lombalgie chronique, chez d’autres, des crises d’eczéma ou des dermites chroniques, provoquant des démangeaisons telles au point que le malade se gratte, en permanence, jusqu’au sang, ou encore chez d’autres des douleurs intestinales permanentes (colopathie fonctionnelle, reflux œsophagique …) et enfin chez d’autres, elle se manifestera par des violences céphalées de tension chroniques (durables).
Cela ne veut pas que quand une maladie est psychosomatique _ dont contenant une part psychologique _, qu’elle est nécessairement « modérée » (anodine, légère etc.) au niveau de ses manifestations, y compris douloureuses.
Quand la céphalée de tension chronique est d’origine psychosomatique, on peut s’en sortir. L’espoir de guérir, par des méthodes psychologiques, est bien réel.
Mais ce sont des maladies complexes et on ne s’en sort pas « comme cela ». Pour s’en sortir, cela demande un long travail qui peut dans certains cas durer plusieurs années.
Au sein de l’association, je peux témoigner que je me heurte parfois à quelques cas, où la part de prédisposition ou dérèglement cérébral[1] semble « devancer » la composante psychologique de la maladie. Dans le cas de ces patients, les thérapies psychosomatiques semblent avoir moins de prise sur la maladie.
Mais même avec cette dernière catégorie de céphalées de tension chroniques, particulièrement résistantes, les thérapies psychosomatiques arrivent à faire avancer les choses et à obtenir certains résultats _ dont une possibilité de mieux supporter ou de diminuer sa douleur[2].
Sinon, c’est une maladie « piégeuse », qui vous enferme comme dans un piège mental. Car, par exemple, elle vous poussera 1) vers les médicaments antidouleurs (antalgique), jusqu’à l’abus médicamenteux (car la persistance de cette douleur céphalalgique permanente est épuisante et/ou exaspérante), 2) à vous couper de vos amis, de vos liens sociaux, à vous replier sous vous, à déprimer (à vous faire voire tout en noir, perdre espoir de voir, un jour, le bout du tunnel céphalalgique) … Elle vous pousse à rester enfermé et alité, chez vous, durant des années. Le fait de rester enfermé et isolé n’est jamais bon pour le psychisme.
Pour lutter contre cette maladie, il faut au contraire, aller contre ce qui vous paraît évident et lutter contre ce qui paraît « instinctif » ou « naturel » et vous conduisant « naturellement » sur la pente « fatale » :
1) Du repli sur soi.
2) De l’abus médicamenteux…
Je dis
toujours aux malades, que s’il peuvent diminuer la céphalée et la douleur par
des méthodes psychologiques (psychosomatiques) … et donc, par là, diminuer leur
dose de médicaments psychotropes _ en particulier les antalgiques, les
anxiolytiques et les somnifères (hypnotiques), qui créent le plus souvent de
très fortes dépendances à ces médicaments, et qui par leur abus créent des
céphalées dites de « rebond » se surajoutant à la céphalée de tension
_, c’est mieux. Ce sevrage devant être
entrepris avec l’accord du médecin traitant (ou du psychiatre ou neurologique
qui vous suit) et d’une façon progressive (et non brutale) …
Notons
toutefois qu’il y a quelques cas où l’arrêt de la prise de certains médicaments
(psychotropes) n’est pas conseillé : dans les cas de schizophrénie, de
troubles bipolaires ou de dépression graves (avec la répétition des épisodes de
tentatives de suicide)[3].
Et
sinon, je conseille toujours aux malades d’aller au-devant des autres, de
renouer et d’entretenir ses amitiés et de s’impliquer dans l’activité
associative et dans tout ce qui peut valoriser la malade et renforcer sa
confiance en soi.
Je
témoigne, ici, que ans le passé, j’étais un peu trop hyper-rationaliste et
presqu’intolérant face aux thérapies douces que je considérais, pour certaines,
comme « charlatanesques ». Par exemple, j’étais très sceptique
sur les thérapies des céphalées de tension préconisant des changements
alimentaires. J’ai depuis un peu évolué. Maintenant, pour moi, tout ce qui
compte est le résultat. Donc ce qui fait évoluer le malade, diminue sa douleur,
lui apporte du plaisir (un plaisir sain), quelle que soit la thérapie employée
(du moment qu’elle lui fait du bien même momentané). Si un changement
alimentaire, si l’acupuncture ou d’autres préconisations lui font du bien,
c’est le principal (pour le malade).
Les
céphalées de tension chroniques sont souvent des maladies complexes, qui
peuvent nécessiter plusieurs thérapies croisées, certaines pouvant être suivies
en parallèle.
Par
exemple, si l’on est sujet à de l’anxiété, de l’angoisse, à des crises
paniques, les thérapies suivies peuvent être, une thérapie analytique,
momentanée et cognito-comportementaliste et encore des
techniques de relaxation et de respiration pour maîtriser son anxiété, ses
crises de palpitations cardiaques …
La
démarche thérapeutique peut aussi conduire à faire du théâtre, les
techniques théâtrales nous apprenant à mieux maîtriser son trac, son manque
d’assurance devant les autres, à mieux se contrôler, contrôler son comportement
et son apparence face aux autres (toutes ces techniques peuvent permettre d’obtenir
la maîtrise de soi).
Sinon,
par exemple, quand on est enseignant et qu’on a du trac devant ses élèves (avec
le fait qu’on vit dans la peur que les élèves se moquent de vous), certaines
techniques peuvent vous ôter le trac. Certains vous conduisant à répéter vos
futur discours ou des phrases toutes faites, pour votre prochain cours et vos
élèves _ comme le faisant l’orateur grecque Démosthène _, donnant
l’impression que vous êtes sûr de vous. Vous pouvez par exemple répéter, avec
une voix de stentor, ces phrases, dans un endroit isolé (forêt, bord de mer).
Ces
techniques peuvent vous apprendre à avoir de l’estime de soi, avoir
confiance en soi. Elles vous apprennent aussi à avoir un minimum de
« narcissisme » intérieur[4],
vous faire admettre que vous avez de la valeur, un potentiel réel à
épanouir. Elles vous apprennent à faire
fructifier vos passions, centres d’intérêt et violons d’Ingres…
Ces
techniques peuvent conduire aussi à se faire aider par un psychothérapeute.
Mais reconnaissons qu’il n’est pas facile de trouver le bon psychothérapeute,
celui qui est efficace et qui sait vous comprendre et comprendre votre maladie
_ car celle-ci reste, aux yeux de la plupart des praticiens actuels, souvent
mystérieuse et elle vous donne souvent l’apparence, à votre corps
défendant, que votre maladie n’est que dans votre tête et que vous vous
écoutez beaucoup (bref que vous êtes hypocondriaque).
Parfois, il
faut essayer plusieurs psychothérapeutes, voire une dizaine avant de trouver le
bon.
Le
bon praticien doit être ouvert, disposer ou maîtriser une grande panoplie
(ou un faisceau) de psychothérapies ou de thérapies (bref avoir beaucoup de
cordes et de flèches à son arc).
Il
doit être aussi imaginatif.
Il
doit vraiment s’intéresser sincèrement à ses malades (avoir la passion de
vouloir guérir ses malades). Il doit être très positif.
Il ne
doit pas être vénal (si vous pouvez avoir, avec lui, des séances à 40 euros de
l’heure, plutôt que de 70 euros, c’est mieux).
S’il
vous sait « S.D.F » et très pauvre et qu’il diminue alors en
conséquence le prix de ses horaires, alors c’est aussi mieux[5].
Certains
malades, qui ont une plus forte personnalité, conduisent, eux-mêmes, leur évolution
ou leur travail intérieur (ou leur l’auto-introspection) tout seul, sans l’aide d’autrui.
Mais
cela demande de la volonté et cette démarche solitaire recèle des pièges :
par exemple, il ne faut pas tomber dans l’auto-introspection maladive (ou dans
l’écoute continue et obsessionnelle de ses manifestations douloureuses), tout le temps, sans fin _ ce
dernier comportement pouvant alors être, en réalité, une manifestation ou
extériorisation involontaire d’un fond anxieux qu’on ne veut pas s’avouer …
Par
contre, certaines personnes ont tellement « chuté » ou sont tellement
au fond du trou psychologique (un trou souvent sans fond), qu’elles ne peuvent
s’en sortir toute seule. Ces dernières un fort besoin d’un puissant soutien
psychologique (persévérant et durable sur le long terme).
Et il
y a aussi des cas de dépression profondes, où il faut vraiment pousser
fortement et continuellement les malades déprimé à sortir de leur « trou
sans fond » (et cela demande une sacré volonté pour les faire sortir de
leur « trou » de la part de ceux qui les aident et les
soutiennent[6]).
Le
fait d’aller au-devant des autres, l’action humanitaire et associative est
justement une méthode de détournement de son attention face à sa propre
douleur lancinante. Elle est efficace (au moins pour diminuer l’impression
douloureuse).
Un
ami (malade lui-même) m’écrivait récemment « je suis engagé
désormais dans un projet très porteur, à savoir un partage de vie avec des
personnes handicapées, et cela m'aide à assumer mes céphalées chroniques et les
insomnies associées. ». Et ce qu’il m’écrit va dans le sens de ce que je
préconise et me fait chaud au coeur.
Voilà,
le message final pour terminer ce mot : On peut s’en sortir (cette maladie
n’est pas une fatalité).
Déjà
pour y arriver, vous devez puiser en vous des ressources ou des réserves de
forces intérieures dont vous ne soupçonniez même pas l’existence au départ (car
on a toujours, en soi, des ressources bien plus grandes qu’on ne le
pense). A la longue, à force de travail intérieur, on peut renouer avec la
« niak », la combativité et le succès.
Bonne lecture.
Amicalement,
Benjamin LISAN
Président de l’ Association Papillons en cage
Tél.: 01.42.62.49.65 / 06.16.55.09.84 / 06.03.80.55.66
Association Papillons en cage (+) : http://www.cephaleesdetension.co.nr
(+) Association Française de Soutien aux Personnes
Souffrant de Céphalées de Tension Chroniques.
PS. Sur le CD-Rom de l’association est fournie une liste de psychologues psychosomaticiens sur la France.
Sinon sur Paris, voici deux psychothérapeutes sur lequel pour l’un, on m’a dit du bien et l’autre m’ayant fait bonne impression :
1/ Hacène Belarif, Sophrologue (et spécialiste du neurofeedback), tél. : 01.46.36.83.23 / 06.65.78.83.39, email : sabjames@free.fr . Ce praticient s’occupe d’enfants lourdement handicapés (au niveau psychologique) et agit au sein de l’association "Un Sourire Pour l'Espoir", association de parents d'enfants lésés cérébraux (2 Square Maroteau, 91000 Evry). Site : http://www.adnf.org/Neurofeedback_France_migraines
2/ Karim Allaoui (spécialiste de la PNL, EMDR, EFT …), Tél. : 06.64.03.86.91, email : k.allaoui@yahoo.fr
Son site : http://wn.com/allaoui_karim
PS2. Voici des exemples de mails que j’ai envoyés, récemment, à des malades :
a) « Votre
diagnostic n'est pas loin de la vérité.
Après il faut rechercher (par exemple, par la thérapie
analytique) qu'est ce qui vous a rendu chronique et qui a généré un manque
d'estime de vous-même.
Souvent, c'est 1) soit lié à l'enfance et une
éducation culpabilisante, 2) soit à des maltraitances, 3) soit à des stress
importants, des traumatismes psychologiques importants, qui installent après un
état de stress post-traumatique (par exemple, le fait qu'on a trahi etc.).
Dès qu'on a déterminé ce qui cause le stress, on agit
contre la source de votre stress actuel, en particulier en apprenant à vous
faire respecter (par exemple, grâce à l'aide de la TCC, thérapie
cognito-comportementale etc.).
Le stress peut être lié, en même temps à des traumas
de l'enfance (cachés et en apparence oubliés) et en même temps au contexte
actuel dans son travail, sa famille ou ses relations sociales. Souvent
l'ambiance au travail (surtout quand elle est mauvaise et vous soumet sans
cesse à la menace (de licenciement, de marginalisation etc.) et à la pression)
peut générer d'énormes stress permanents épuisants et sources de violentes
céphalées (elles-mêmes liées à une prédisposition, un terrain psy favorable aux
céphalées de tension). Il faut maîtriser ces sources de stress, 1) en se
faisant respecter, 2) en maîtrisant son angoisse (par la relaxation, le
contrôle de soi ...).
Plutôt que de vous conseillez d'aller au service
neurologique et antidouleur de la Timone, qui ne vous prescrira que des
médicaments, je vous conseillerais plutôt de contacter un psychologue
spécialiste en thérapie TCC (capable aussi de conduire une analyse).
Voici ci-joint une liste de thérapeutes
psychosomaticiens, vous en trouverez certainement sur votre région.
Il faut savoir que la thérapie est longue, qu'elle
demande un long travail intérieur et que l'on ne se sort pas comme cela d'une
céphalée de tension chronique.
Mais bonne nouvelle : on peut s'en sortir (mais cela
demande de la persévérance et des efforts).
Bon courage.
Si vous avez besoin d'informations et une aide
supplémentaire, n'hésitez pas à m'appeler chez moi le soir après 20h, ou le WE
(au 01.42.62.49.65).
N'hésitez pas à m'appeler. »
b) « Pour que j'en
sache plus sur votre céphalée, pour que je vous connaisse mieux et que je
puisse rechercher les causes de votre céphalées, il faudrait que vous me
contactiez le soir après 20h ou le WE, au téléphone, au 01.42.62.49.65. pour
qu'on ait un petit entretien téléphonique.
Il faut savoir que dans au moins 80% des cas (cas des
céphalées de tension d'origine psychosomatique), on peut guérir de sa céphalée
de tension chronique, mais c'est un processus long (mais qui permet de se
débarrasser des médicaments). Quand la céphalée est d'origine psychosomatique,
les moyens sont des moyens psychosomatiques, par la recherche de stress aigues
actuels ou passés et de traumas passés. Cela nécessite un travail
"minimum" de la part du patient pour y arriver.
C'est tout ce que je peux vous en dire pour l'instant. ».
PS3. J’ai encore enrichi, avec l’ajout de nouveaux documents, le DVD-ROM (CD) de documentation sur les maux de tête (édité par l’association). Il est vendu au prix de 6 euros. Contactez-moi pour en savoir plus sur ce DVD-ROM.
[1] Remontant à très loin (peut-être dans la prime enfance) ou à un épisode d’épuisement cérébral intense, ou surmenage ou « burn out ».
[2] D’ailleurs, dans ce dernier domaine, je n’ai pas dit mon dernier mot, car j’explore encore, certaines pistes de causes psy qui seraient particulièrement « tordues » et/ou « cachées » (ou « perverses ») et peut-être cela donnera quelque chose.
[3] Note : il existe des fonds dépressifs ou des lignées dépressives d’origines congénitales et familiales.
[4] Mais attention, il ne faut pas, non plus, tomber dans l’excès de narcissisme, tout de même. Il trouver le juste milieu entre l’excès et le manque de confiance en soi.
[5] Mais il ne faut pas abuser de sa gentillesse ou le duper.
[6] Certains pensent que les déprimés profonds le font exprès ou simulent. Mais en fait, la dépression profonde est une réelle maladie et une maladie grave.