Etat des lieux des traitements des Céphalées de Tension en France.

 

Problèmes et suggestions de solutions.

 

Par Benjamin Lisan

 

A Paris le 22 mai 2007

 

1      Etat des lieux. 1

2      Problèmes dans le traitement des céphalées de tension en France. 2

3      Suggestions de solutions. 5

 

 

1           Etat des lieux

 

Dans le cas des céphalées de tension chroniques, souvent durant plus d’une dizaine d’années, sans causes physiologiques apparentes, les médecins _ en particulier ceux considérés comme aptes à les traiter, c’est à dire les neurologues, les neuropsychiatres, voire les psychiatres _ ont tendance :

 

1)      à voir le malade comme un « malade mental » _ c’est à dire au minimum comme un névrosé, au maximum comme un psychotique ou avoir une vision dévalorisée du patient (le patient étant vu comme hypocondriaque, c’est à dire quelqu’un qui exagère son mal).

2)       à voir toujours les céphalées de tels malades comme modérées et qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour eux (ils savent de toute façon que leurs patients ne vont pas mourir). La douleur du patient n’est pas, du tout, prise en considération, comme si elle était négligeable. Ces médecins n’ont pas, du tout, conscience de ce qu’est un mal de tête lancinant et chronique.

3)      à « psychiatriser » le malade, c’est à dire à la traiter par les psychotropes (antidépresseurs et neuroleptiques, voire dans un cas rare par les électro-chocs _ cas de Jean-Philippe _ …), surtout si le patient se plaint de sa douleur.

4)      A voir, dans l’éventuelle dépression ou désir de suicide du patient, un fond dépressif due à une maladie mentale, chez lui, et non parce que ses céphalées le font souffrir depuis longtemps, sans cesse.

5)      Il n’est systématiquement pas pris au sérieux, lorsqu’il se plaint de sa douleur.

 

Cette façon de voir systématiquement dans le malade, un « malade mental » (il est soit vu comme un « malade mental » faisant de la dépression, soit un malade hypocondriaque, soit les deux. Sinon, on mettra encore ses céphalées de tension sur un trouble bipolaire, une dépression masquée, une dépression d'épuisement ou liée à un surmenage, voire la paranoïa d’une personne se croyant persécutés par le corps médical  …), fait que si le malade :

 

a)      se plaint toujours que les psychotropes ne font pas effets sur ses maux de tête et sa douleur, alors le médecin systématiquement lui augmentera les doses de ses psychotropes (en présupposant 1) l’effet anti-douleur des psychotropes, et 2) l’hypocondrie du malade, s’il affirme que ces psychotropes n’ont aucun effet anti-douleur sur ses céphalées),

b)      se plaint de douleur et de céphalées plus fortes, en cas de surconsommation (ou abus) de médicaments ou en cas de dépendance (avec les dérivés opiacés de certains anti-douleurs comme le Lamaline, le Propofan, le Topalgic …), on ne diminuera pourtant pas les doses.

 

Cette façon de voir systématique fait que régulièrement des céphalées ayant des causes physiologiques ne sont pas détectées des années durant (cas de Valérie de Marseille, souffrant d’une malformation d’Arnold-Chiari, cas de Christelle de Cergy, souffrant d’hydrocéphalie, cas de Marie-Christine souffrant d’une douleur projetée probablement liée à des problèmes cervico-occipitales …). Idem pour les céphalées d’origine médicamenteuse (ou céphalées de rebond) (cas de Nora, du prêtre Jean-Yves …).

 

Cette façon de considérer le malade et de le traiter, fait que le médecin :

 

a) ne croira pas le malade quand ce dernier affirmera que ses céphalées de tension chroniques, l’empêchent absolument de travailler. Même quand il souffre au point de ne pas pouvoir travailler, que cela soit depuis des jours, des mois ou des années, aucun arrêt de travail ne lui sera proposé et encore moins une allocation COTOREP [1].  Aucun invalidité causée par des céphalées de tension chroniques n’est encore reconnue en France.

 

b) pense que les céphalées de tension du patient peuvent être traitées, parfaitement et facilement, par les techniques de relaxations (yoga, training-autogène, hypnothérapie …) ou par les psychothérapie (analytiques ou comportementales). Ce que est une erreur scientifique dans un bon nombre de cas.

 

Tout cela fait, que le malade, pour être enfin pris vraiment en considération, doit se battre sans cesse, sans que d’ailleurs les résultats finaux _ dont la diminution de la douleur _, qu’ils espèrent obtenir par son combat, soient nécessairement positifs ou garantis à la fin de cette joute.

 

 

2           Problèmes dans le traitement des céphalées de tension en France

 

Au lieu de traiter la douleur _ ce que vraiment désire le malade _, on traite un état supposé pathologique du malade et en général, on traite alors sa « maladie mentale » par la voie médicamenteuse, en particulier par les psychotropes.

 

1)      La philosophie médicale et psychiatrique en France du traitement des céphalées de tension en France, fait que nos médecins français adoptent le parti prix systématique de ne pas écouter le malade (pour peut-être ne pas se faire « embobiner » par lui, ou ne pas rentrer dans son jeux supposé « hypocondriaque » ou proche du syndrome de Münchhausen). Or ce parti prix fait que, sans une écoute prolongée de ce que pourrait dire le malade, le médecin peut passer à côté d’informations utiles, voire essentielles, pour l’établissement de son diagnostic. Et cela peut expliquer alors pourquoi des causes physiologiques ou médicamenteuses de certaines céphalées de tension du patient ne soient pas détectées durant des années.

2)      Il en résulte, que dans le domaine des céphalées de tension, les neurologues, neuropsychiatres … français sont en général de très mauvais diagnosticiens [2].

3)      Les psychotropes en particulier les neuroleptiques ont des effets secondaires désagréables non négligeables :

 

 

4)      Les patients sont tellement frustrés d’être si « mal traités » durant tant de longues années (sans résultat) _ certains même depuis plus de 25 ans _, qu’ils en viennent souvent à rêver de suicide ou d’en venir aux mains, avec les médecins.

5)      Et finalement, la résolution de la douleur _ qui est la revendication principale, de fond, du patient _ n’est en fait toujours pas traitée.

 

Certaines céphalées de tension chroniques, dont on ne voit pas la cause apparente (qu’elle soit psychologique ou physiologique) sont sûrement d’origine psychologique. Le problème est de savoir quelle « maladie mentale » (ou maladie psychologique) en est la cause.

On ne sait toujours pas a) quelle est la cause exacte de ces céphalées de tension (classées comme psychogènes) et b) quelle est la chaîne causale entre élément déclencheur (d’origine psychologique) et la céphalée.

 

On la suppose alors due :

 

a) soit à la tension du stress qui fait instinctivement se contracter les muscles du cou.

b) soit à la névrose, au cours de laquelle le patient se focaliserait sur sa douleur ou devient hypersensible à la moindre douleur ou contrarité (hypocondrie).

 

Le traitement souvent se base sur une expérience passée très empirique, dont celle de la prescription des psychotropes (en particulier le Laroxyl et le Rivotril), et de la lecture d’articles … malheureusement souvent financés en sous-main par les laboratoires pharmaceutiques (donc aux conclusions assez orientés).

 

On n’explore pas de nouvelle piste, comme celle de la psychologue Marie-Paule Lagrange (parce qu’elle est un psychologue et non un médecin), qui avance que ce sont de graves traumatismes psychologiques et évènements terribles, passés et leur répétition présente, qui sont à l’origine des céphalées de tension actuelle du patient. On n’imagine pas que les céphalées de tension peuvent un signal d’alarme cérébral, automatique, lié au signalement d’un danger pour le psychisme de la personne, signal sur lequel le patient, souffrant, n’a aucun contrôle.

 

On a toujours tendance à croire que le patient est la cause, l’acteur, le moteur, le responsable de ses céphalées et qu’il suffit de suivre un traitement relaxant ou une psychothérapie pour se débarrasser de la tension ou de la névrose _ tensions ou névrose causes, selon les médecins, des céphalées de tension du patient (et qu’il peut s’en sortir ainsi et aussi par ses efforts).

 

D’une manière générale, les médecins ne vérifient par sur eux les psychotropes qu’ils prescrivent. Ils devraient pourtant le faire, simplement pour voir les effets réels de ces médicaments sur eux.

 

Certains médicaments inhibant de façon sélective la recapture de la sérotonine dans le système nerveux central (Deroxat, Prozac, Seropram, Seroplex …), devraient donc rendre plus « heureux » (puisque l’augmentation de la sérotonine [3] rendrait plus heureux et moins déprimé). Or dans la pratique, ils ne rendent pas plus heureux et ils n’apportent pas plus de félicité perpétuelle. Bien au contraire

 

S’il y a un effet modéré ou faible anti-douleur du psychotrope, ce dernier effet bénéfique est nettement contrebalancé par les effets secondaires indésirables (pour le patient), comme l’abrutissement, l’assommement, l’absence d’émotion … causés par ces psychotropes.

On utilise un marteau –pilon, on cible d’un manière très « globale », une douleur, en fait, très localisée (et souvent localisée juste dans une petite partie de la calotte péri-crânienne) : on noie tout le corps et le cerveau du produit psychotrope.

 

A cause de cette vision négative ou/et « psychiatrisante » des malades souffrant de céphalées de tension, par le corps médical, tout ce que les patients pourront faire ou dire, pourra alors être systématiquement interprété comme la preuve de leur « maladie mentale » et se retourner contre eux.

 

 

3           Suggestions de solutions

 

La marge de ces patients est donc limitée. Pour être crédible au niveau médical et montrer qu’ils ne sont pas des « malades mentaux » (ou des névrosés), ils doivent faire attention à leurs discours et agissements. Ils ne doivent rien faire qui pourrait être mal interprété_ qui donnerait l’impression qu’ils se posent en victimes, qu’ils sont paranoïaques … _, comme s’énerver face aux médecins, accuser les médecins … Ils doivent être prudents en tout, en acte, en parole. Ils doivent montrer qu’ils raisonnent bien, qu’ils sont rationnels et réfléchis. 

 

Si le patient doit montrer à la télévision quelle est sa vie, il doit montrer qu’il est normal, et non pas qu’il est atteint d’un trouble psychotique ou névrotique quelconque.

 

A partir de là, si l’on a pu convaincre qu’on est crédible (et qu’on a du bon sens psychologique), il lui faut alors demander alors que la priorité soit mise sur le traitement de sa douleur et non sur son éventuel trouble psychologique, par les médicaments, quelqu’ils soient. Le traitement de la douleur doit être l’urgence et doit passer en 1er avant tout traitement de l’éventuel « trouble mental ».

 

Et nous demanderons alors, alors au corps médical compétent que l’on cible précisément notre douleur, par exemple, soit des injections d’analgésiques, soit de cortisones (ou autres corticoïdes), soit de myorelaxants ou myoparalysants (par exemple par des injections, dans les zones douloureuses péri-crâniennes, de Botox …Botox employé alors avec précaution), dans les zones douloureuses (afin d’éviter tous effets indésirables liés aux traitements actuels par les psychotropes, tels que l’abrutissement, l’absence d’émotion …).



[1] Et si le malade arrive quand même à agir sur le cours de son existence, par la force de sa volonté, alors les médecins affirmeront qu’il n’est qu’un malade hypocondriaque

[2] Ils sont l’inverse du docteur House, héros d’une série télévisée américaine, réalisant des enquêtes cliniques « policières » si poussées, au point d’aller jusqu’à enquêter au domicile du malade ou auprès des proches, les médecins français en général ne font aucune enquête en cas de céphalées de tension. Leur diagnostic est souvent rapidement posé. Par exemple, l’auteur a rencontré, pour ses céphalées de tension chroniques persistantes depuis 25 ans, un professeur, qui sans même l’écouter, lui a déclaré au bout de 5 mn, que « si vous souffrez de céphalées de tension, c’est parce que vous manquez de confiance en vous » et qui l’a immédiatement adressé à un confrère spécialisé en hypnothérapie (il n’a même pas écouté le patient pour savoir s’il n’avait pas déjà tenté l’ hypnothérapie).

[3] Comme la sérotonine joue un rôle important dans les changements d'état émotionnel, on pense que certaines molécules analogues à la sérotonine peuvent modifier ces états émotionnels. Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (des substances qui bloquent la recapture de la sérotonine, par exemple la fluoxétine) réduisent les symptômes liés à la dépression ou aux troubles obsessionnels compulsifs. Un excès de sérotonine au niveau cérébral, consécutif à la prise de ces médicaments antidépresseurs, peut entraîner un syndrome sérotoninergique (associant rigidité musculaire, agitation, myoclonies, hyperréflexie, troubles du comportement, hyperthermie, voire des complications pouvant être sévères avec convulsion, coma, choc et coagulation intravasculaire disséminée). La pratique régulière d'un sport augmente la sécrétion naturelle de sérotonine. (source : Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9rotonine ).