Cinq ans d’accumulation de connaissances et d’expériences sur les céphalées de tension chroniques.

Au sein de l’association « Papillons en cage »[1].

 

Par Benjamin Lisan, président de l’association (le 12 novembre 2011).

 

Durant cinq ans, depuis la création de l’association « Papillons en cage », en novembre 2006, son président a assuré une permanence téléphonique (tel : 06.16.55.09.84), destinée essentiellement aux « urgences céphalées », c’est à dire quand les malades souffrent énormément de leurs douleurs céphalalgiques intenses, dues à leurs céphalées de tension chroniques, surtout en période de crises céphalalgiques.

 

La conduite des entretiens avec ces malades a conduit le président à faire le constat suivant :

 

1)     Plus de 80 % des cas de céphalées de tension chroniques semblent d’origines psychosomatiques.

2)     Le restant des céphalées serait plutôt d’origines organiques (physiologiques) _ bien que dans ces derniers cas, la ou les causes physiologiques, et leurs mécanismes, restent encore à préciser scientifiquement.

 

Qu’est-ce qu’une maladie psychosomatique ?

C’est une maladie qui se déclenchera par exemple, suite à un stress intense, à une situation morale douloureuse, pénible et / ou très inconfortablement psychiquement et/ou moralement, sur le long terme, que le malade n’arrive à résoudre[2].

Elle peut se manifester d’une façon très diversifiée, par exemple, par l’apparition d’une lombalgie chronique (un mal de dos très douloureux et handicapant), d’une réaction allergique plus ou moins intense (eczéma, crise d’asthme …), d’une colopathie fonctionnelle, d’une douleur fibromyalgique etc. … ou encore, selon les prédispositions du malade, par une céphalée de tension chronique ou une migraine plus ou moins intenses.

Plus rarement, elle peut déboucher sur une maladie grave, telle un cancer, une maladie auto-immune, telle que le lupus, la sclérose en plaque, une maladie de Parkinson etc.

 

Le mystère reste de savoir pourquoi chez certains individus, la maladie psychosomatique se manifestera en une lombalgie, un eczéma … alors que chez d’autres, elle se manifestera plutôt en une céphalée de tension chronique plus ou moins intense. Il semblerait qu’il y ait de facteurs de prédisposition (organiques) chez les malades (et qui leur sont spécifiques).

 

L’auteur a constaté que la majorité de causes déclenchantes se répartissait suivant cet éventail de causes ci-après :

 

1)     Un stress originel intense soudain ou durable sur un période sur une période plus ou moins longue.

2)     Une souffrance morale lancinante et / ou intense, durable _ souvent sur le long terme _, en relation à une situation psychique et/ou morale pénible et / ou stressante, que le malade n’arrive à résoudre[3] [4]. 

3)     Un fond psychologique anxieux ou une prédisposition à l’anxiété, aux crises paniques, à l’angoisse.

4)     Un surmenage professionnel intense (avec « burnout » ou syndrome d’épuisement professionnel), qui peuvent induire des dérèglements cérébraux durables (telles qu’insomnies totales, céphalées incessantes …).

5)     Dans des cas plus rares, des dérèglements cérébraux durables[5] (qui sembleraient plutôt physiologiques), plus difficiles à résoudre même par des moyens psychothérapiques.

6)     Dans des cas plus rares, des maladies psychiatriques plus ou moins graves[6] (schizophrénie, troubles bipolaires …).

 

Les cas de surmenage sont, eux-mêmes, très souvent liés au fond anxieux du malade.

Quel est le rapport entre certaines maladies psychiatriques _ schizophrénie, troubles bipolaires … _ et céphalée de tension chronique ? Le lien entre ces deux maladies n’est pas encore clairement établi scientifiquement. Est-ce lié à un dérèglement cérébral organique ? Certaines maladies psychiatriques pourraient être, peut-être ( ?), elles-mêmes liées à  un dérèglement cérébral organique durable[7] ? Ce que est sûr est que vivre avec certaines maladies psychiatriques est souvent cause d’une forte souffrance psychique et morale, chez ceux qui en souffrent[8].

 

Quels sont les causes de ces stress intenses pouvant déclencher originellement la céphalée de tension ?

En fait, il existe de multiples causes. En voici quelques unes (mais cette liste n’est pas exhaustive) :

 

 

Note : Selon certaines hypothèses psychothérapiques comportementalistes ou psychosomaticiennes[11], une dimension de conflit intérieur[12] pourrait causer ou accentuer la céphalée.

 

Souvent ce que l’auteur constate, dernière certaines causes familiales, sociales ou professionnelle, de stress, est la présence de « personnalités difficiles » _ personnalités paranoïaques, narcissiques, perverses … _ génératrice de stress  chez le malade[13] [14].

Quand l’auteur décèle une situation perverse ou culpabilisatrice dont souffrirait le malade, et s’il pense que le malade ne pourrait pas avoir le dessus face à cette « cause déclenchante », il incite alors le malade à couper ou s’éloigner de cette cause (ne serait-ce que pour se préserver). Ou alors, s’il en a les moyens, de l’affronter.

Mais il est vrai que dans certains cas, cette démarche de sauvegarde n’est pas possible ou pas toujours facile à entreprendre (par exemple, il peut être très difficile d’abandonner son emploi ou de se faire muter professionnellement).

 

Dans certains autres cas aussi, l’auteur  incite parfois le malade à prendre conscience d’une possible dimension maltraitante ou  perverse (voire de mensonges répétés) liée à des « proches », dont il pourrait être victime, tout en n’ayant pas toujours conscience (dans ce cas, cette hypothèse est avancée, avec prudence, … au conditionnel)[15].

 

L’auteur l’incite aussi, si c’est possible, à résoudre, « détendre » ou éviter certains conflits familiaux, sociaux ou professionnels (pour certains cas). Car il est toujours mieux de vivre sans conflit avec les autres (et de n’avoir que des amis … si possible).

L’auteur incite souvent aussi le malade à entreprendre un travail intérieur ou une psychothérapie analytique et comportementaliste, déjà pour en déterminer les causes de sa céphalée, de son anxiété, de son stress …. Mais surtout pour résoudre et maîtriser sa tendance à l’anxiété, aux angoisses, aux crises paniques, voire à une culpabilisation excessive, mal à propos. Ce travail intérieur nécessaire est aussi destiné à acquérir de la confiance (et de l’assurance) en soi.

 

Mais ce genre de travail intérieur ou psychothérapique ne marche malheureusement pas pour tous les malades.

 

Certains malades ne sont pas des personnes anxieuses. Elles ont confiance en elles. Elles n’ont aucune propension à une culpabilisation excessive, ne sont pas enfermée dans des conflits intérieurs, n’ont aucune maladie psychiatriques. De plus, le plus souvent, elles sont bien soutenues et entourées par leur famille. Par exemple, certains sont créateurs et directeurs d’une agence de publicité, directeur d’un journal de province etc. Elles n’ont rien à voir avec l’image du souffreteux hypocondriaque angoissé, qui s’écoute, qui se culpabilise excessivement, du névrosé qui se fixe obsessionnellement sur ses maux de tête (ou sur d’autres « petits bobos »).

 Et pourtant, elles continuent à souffrir de terribles céphalées de tension, sur des dizaines d’années. Elles ont tout essayé _ psychothérapies, techniques de relaxation … _, avec persévérance, sans aucun résultat probant et efficace.

 

Malgré tout, ces personnes tiennent face à la douleur lancinante (et ne se suicident pas), parce que, par exemple :

 

1)     Elles sont très combatives ou sont dures avec elles-mêmes (et ne se découragent pas « comme cela », même si elles peuvent passer par des moments de déprimes. Mais dans tous les cas, elles se ressaisissent toujours).

2)     Elles sont très travailleuses ou très actives ou très sportives (le travail ou l’activité professionnelle ou sportive permettent de diminuer la sensation douloureuse, de faire diversion et de « l’oublier » partiellement).

3)     Elles croient en elles et en leur valeur réelle intrinsèque ou bien elles croient qu’elles peuvent apporter des bienfaits ou quelque chose d’utile aux autres ou à l’humanité toute entière (et donc, se suicider ne serait profitable à personne).

4)     Certaines tiennent par leur forte foi religieuse (la foi en l’espérance d’un autre monde, d’une épreuve utile et nécessaire, le caractère terrible du suicide …).

5)     Elles savent s’entourer d’un cercle d’amis, d’une famille aimante, qui les soutiennent.

 

L’auteur incite souvent les malades à développer ou à travailler, au moins, les 3 premiers points, ainsi que lutter contre notre tendance naturelle à nous replier sur nous-mêmes, sous l’effet de la douleur. Et au contraire, à aller au devant des autres, à être utiles aux autres _ par exemple, au travers d’un engagement associatif _, à accomplir des actions utiles qui nous valorisent aux yeux de la société et à nos propres yeux.

Quand la douleur est trop puissante, le recours aux psychotropes peut être un recours partiel, mais souvent insuffisant et que l’auteur ne recommande pas toujours sur le très long terme (surtout au-delà d’une dizaine d’année)[16], sauf en cas de psychoses avérées (et pour lesquelles, il n’existe pour l’instant d’autres traitements).

Il cherche aussi à détecter, chez le malade, un abus médicamenteux _ souvent source de céphalalgies très douloureuses _, en particulier d’antalgiques, et si oui, l’incite à entreprendre un sevrage, sous contrôle médical.

Dans les cas extrêmes, pharmaco-résistants, extrêmement invalidants, quand l’auteur constate que le malade a avait tout essayé (y compris le sevrage, suite au constat d’un abus médicamenteux), il peut l’orienter vers la technique chirurgicale cérébrale, la neurostimulation cérébrale profonde (une amélioration de la douleur non garantie à 100 %).

 

Dans tous les cas, surtout si le malade est isolé familialement ou professionnelle, nous lui disons qu’il peut toujours compter sur le soutien de l’association et qu’il peut nous joindre à tout moment au téléphone pour nous parler. Nous sommes toujours à son écoute, à Paris ou en Province.



[1] Association de soutien aux malades souffrant de céphalées de tension chroniques.

[2] Ou même, dont il n’a pas toujours conscience ( !).

[3] Souvent liée à une situation douloureuse, inextricable et complexe.

[4] Cette souffrance pouvant être, elle-même, génératrice, sur le long terme, d’une dépression plus ou moins intense et grave.

[5] Dont les mécanismes restent, encore, à déterminer scientifiquement.

[6] Dont certains malades, dans certains cas, n’ont pas toujours conscience (et / ou qui peuvent être mal diagnostiquées).

[7] Une très large majorité des professionnels orientent leurs hypothèses les plus plausibles et probables vers des causes génétiques et des causes « développementales » qui, d'ailleurs, peuvent être liées. Et qui pourraient provoquer des altérations biochimiques et structurelles dans notre organisme (1) Horrobin, D.F., Schizophrenia: The illness that made us human. Med. Hypot., 1998, 50,269-288, 2) Sci. Am. 282 (2), 38-45, février 2000, 3) Rodier, P.M. & al., J.Comp. Neurol. 370 (2), 247-261, 1996).

[8] Et d’ailleurs la proportion des personnes qui se suicident est nettement plus élevée chez ces dernières personnes.

[9] Le harcèlement moral, auquel est soumis le malade, peut-être très subtil, donner toute l’apparence de l’objectivité et donc ne pas être perçu par le malade (qui peut même croire que la situation qu’il vit au quotidien est « normale » ou qu’il est la cause de tout).

[10] Le stress peut-être lié à la peur, l’angoisse de la perte de son emploi (surtout s’il a déjà subi des pertes d’emplois à répétition, surtout ces derniers ont été eux même précédés d’harcèlements moraux), à un situation financière difficile à rétablir, catastrophique etc.

[11] « […] concrètement, la douleur est causée par un conflit intérieur entre deux idées ou deux volontés (par exemple : "j'ai envie de dire ce que je pense" et "je m'interdis de donner mon avis parce que je pense que c'est prétentieux"). La tension créée dans l'esprit génère une tension dans le corps. Mon travail consiste à identifier clairement le débat intérieur (qui est plus ou moins conscient) responsable de cette tension. Ce premier point procure un apaisement instantané appelé le « lâcher-prise » ». Source : http://sosmigraine.annuaire-forums.com/t64-1-moyen-d-en-finir-avec-la-migraine

[12] Par ce que ce conflit avec un / des proches est insupportable à  vivre ou insoutenable à concevoir pour le malade, qui ne le comprend pas « quel mal ais-je commis pour vivre et subir cela ? ». Il cherche une explication morale ou métaphysique à cette situation morale douloureuse, explication qui ne viendra pas ou qu’il ne trouvera malheureusement pas, malgré ses efforts pour comprendre.

[13] Par exemple, ce qui peut générer un fort stress chez le malade, est quand la « personnalité difficile » ment d’une façon récurrente, contre le malade, le dévalorise en permanence, pour nuire à ses intérêts, et que le malade ne peut pas se défendre. Tant que cette situation ne sera pas résolue, la céphalée de tension restera intense chez le malade.

[14] A discerner au-delà  du fond anxieux du malade (due à une prédisposition congénitale ou psychologiquement induit ?)

[15] Tenter de lui faire comprendre que toute personne qui a l’air généreuse, bonne, ne l’est pas toujours, que même des proches, des « amis sincères » en qui vous pourriez leur accorder votre entière confiance, pourraient, en fait, agir par calcul, cynisme, à cause d’une puissante vanité (pathologique), qui les animent et d’un besoin maladif de se faire admirer. C’est ce qui est le plus difficile à croire pour les proches d’une personne perverses (surtout si elles sont sous son emprise).

[16] Des études récentes montrent que la prise d’anxiolytiques et de somnifères, à long terme, augmente les risques d’Alzheimer.  Source : http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20110928.OBS1248/exclusif-ces-medicaments-qui-favorisent-alzheimer.html