Amours toxiques

 

Notes prises durant la projection du documentaire « Amours toxiques », de la série Le Monde en Face, sur France5, le 04/06/2013[1], à 20h45, par Benjamin LISAN

 

Un témoin (filmé dans le documentaire) déclare : « je n’avais le choix, qu’entre partir, mourir ou aller à l’asile psychiatrique ». Son mari lui disait « sans moi, tu n’es rien ». « Il avait des mots qui blessent : tu es dangereuse, tu es une racaille, tu devrais voir un docteur ». « Je ne pensais qu’en fonction de lui ». Au contraire « maintenant, j’ose montrer ce que je suis réellement ».

« Petite, je rêvais au prince charmant ». « Au début, je vivais un conte de fée, il me complimentait tout le temps. Il semblait être très proche de moi ».

Maintenant, Marie (de son vrai prénom) écrit un livre[2] pour se libérer.

« Il est très intelligent, cultivé. Il rebondit sur tout. Il a un avis sur tout ». « Face à lui, je ne m’aimais pas. Je n’avais pas confiance en moi. Je croyais être inutile ». « Tu es tout le temps sous contrôle, sous une emprise souterraine… tu ne vois rien venir ». « Il est imposant. Il domine tout ».

« Au début, j’étais complètement en admiration devant lui. Il est super doué, gentil, flatteur » …

« Puis les critiques ont commencé à pleuvoir. Le repas n’est pas bon. Telle chose n’est pas faite. Tu n’arrives pas à l’heure … ». « Il me pourrissait la vie en tout ». « Pour avoir la paix, je cédais en tout. Tu étais corvéable à merci ». « Il effectuait sur toi un travail de sape ». « Avec lui, tout est humiliant, dégradant ». « Il n’assume pas et ne se sent pas responsable de ses actes ». « Il te tyrannise sur tout ». « Il a volé ma vie et mes rêves ».

 

Selon Isabelle Nazare-Aga, psychologue comportementaliste, la victime est dans l’ignorance de ce qu’il lui arrive (et de l’existence des pervers), elle culpabilise, elle pense être responsable, elle a honte.

 

[Au sujet d’une femme maltraitante], son fils  explique : « elle te trompe, elle te sabote, elle essayait de me faire commettre des fautes [d’apprentissage] [pour que j’ai des mauvaises notes à l’école]. Avec elle, je me sentais « nul » ».

Ces personnes [toxique] mentent aux gens, elles font croire qu’elles sont très gentilles.

Au sujet de son ex-épouse, un mari indique « Elle m’isolait. Mes amis ne m’appelaient plus. Elle était tout le temps fausse avec les enfants ».

« Il avait un double visage. Il n’était jamais agressif, jamais en colère ».

 

Leur objectif [par un contrôle total sur les autres] est que les témoins ne parlent pas (ne  le « dénoncent » pas).

 

« Je subissais des critiques constantes. Par exemple, il ne supportait pas que le bouchon du gel douche soit ouvert. Il fallait que je fasse attention à tellement de choses que j’aurais fait n’importe quoi pour avoir la paix ».

Il lui interdisait de peser plus de 50 kg, un poids qu’il vérifiait chaque matin. « Si je pesais 52 kg, il m’engueulait ».

Il listait également, de la robe de chambre et jusqu’aux chaussures, les vêtements que sa femme avait le droit de porter.

Il l’accuse « tu as pris du poids. Ce n’est pas possible ! Tu sais bien que le poids idéal c’est 50 Kg ». « Il t’indique tout les vêtements que tu dois porter. Tu n’es plus que sa poupée, son objet. Il m’a ôté ma personnalité ».

« Il me menaçait, si je voulais voir ailleurs ». « Sans moi, tu ne peux pas vivre ». « Il me dit : je vais me changer, je t’attends, je serais patient, …  et je le crois ». Puis, il te menace de nouveau « j’espère que tu n’iras pas trop loin ».

« Il contrôlait tout, jusqu’au compteur kilométrique de ma voiture ».

« C’est un processus de destruction lente. Il te culpabilise pour la moindre chose. Il m’engueulait sans cesse « tu as un cerveau, alors fais le fonctionner !!!!! ». J’ai pensé au suicide. Il est tordu, psychopathe ».

Le pire pour Myriam, qui est passée par trois dépressions, « c’est que [sa] famille pensait que c’était [elle] qui [était] fragile et que c’était lui la victime ».

« Il n’y avait [je ne rencontrais] aucune écoute, aucune compréhension [par rapport à ce que je vivais] ».

« Toujours tout est dans le huit-clos familial. C’est comme une prison, un cercueil. Il est tout le temps dans la représentation. C’est quelqu’un de bien aux yeux des autres ». « On est obligé de mentir à tout le monde et à soi-même ».

 

« Il prend les enfants en otage. Il ne te les ramène que quand il le veut. Tu as toujours un mal fou à récupérer les enfants. Il les monte contre moi. Il leur dit que je suis une mauvaise mère et que je leur mens sur lui ».

« Je n’aurais jamais cru qu’un individu veule la mort intellectuelle et psychique d’un autre ».

« Il se considère au-dessus des loi. Il veut la destruction financière de l’autre. Il magouille pour détruire. C’est effrayant d’entendre autant de mensonges. Il se pose en victime ».

 

Le cycle ( ?) [le processus ?] judicaire ne veut pas prendre en compte l’existence des pervers.

Il ne veut pas prendre en compte les mains courantes et la peur de déposer plainte contre le pervers.

La loi de 2010 censée protéger les victimes est rarement appliquée. Rares sont les condamnations.

 

Les manipulateurs jouent sur la culpabilité et parviennent à détruire l’auto-estime de leurs conjoints, ils sauvent souvent les apparences en société. Ainsi, l’époux de Léna l’agonisait d’injures en huis clos et lui prenait tendrement la main en public…  « Il est brillant, formidable, tout le monde l’adore, on n’y voit que du feu ».

 

La femme de Jean-Jacques, elle, poussait la perversité jusqu’à multiplier les fausses tentatives de suicide « juste pour ne pas avoir à s’occuper des enfants ».

Ces tentatives sont très narcissiques : elles veulent l’attention des autres.

Autant de comportements difficiles à démontrer devant un tribunal, car il n’y a pas de preuves tangibles, les magistrats ne peuvent pas trancher sur des traits de personnalité.

Pour prouver quelque chose, il faudrait le témoignage de tierce personne.

Ou quand l’enfant rencontre chaque semaine l’un de ses parents maltraitant, que cela se fasse en terrain neutre, devant des tierce personnes (afin qu’il ne puisse pas manipuler, demander à son enfant un serment, lui faire passer un pacte, lui faire promettre quelque chose sur la tête de quelqu’un etc.).

Le papa et en même temps époux maltraitant se fera passer pour un homme sincère, victime de son ex-femme. Il l’a présentera comme instable (« elle est aigrie », « elle est amère » …).

Il affirmera avoir reconstruit sa vie avec sa nouvelle compagne (s’être reconstruit, avoir tourné la page). Il est convainquant. Ainsi le juge décidera que l’enfant continuera à voir son père car, selon le jugement « les enfants ont besoin d’un papa pour se reconstruire ». D’autant que cet homme est très procédurier. « Il ment trop bien. Il se fait passer pour victime. Alors que le juge sait pourtant qu’il magouille financièrement, dans son entreprise. C’est un monstre. Son but est de détruire, de faire du mal. Il occulte tout, sur le terrain ( ?). C’est un menteur de haut vol. Il utilise tout le monde, son enfant, sa famille. Il n’a aucun scrupule. La justice n’a pas tenu compte de toutes les attestations que j’ai produites ! ». « Comment démontrer que c’est un pervers ? ».

Des personnes ne veulent pas porter plainte, parce qu’elles n’ont pas le courage d’être confronté à celui qui les persécute (mais le dépôt de plainte [avec preuves et attestation] est pourtant nécessaire).

De plus, l'humilié cherche avant tout à sauver la face.

La toxicité de ces comportements destructeurs est insidieuse (invisible).

 

Les deux invités de l’émission étaient :

Paul Bensussan, Psychiatre, expert auprès de la cours de Paris.

Luc Frémiaux, substitut du procureur à la cours de Douai.

 

Luc Frémiaux disait qu’il ne faut pas déposer des mains courantes, sans cesse. Cela ne sert à rien. Il faut porter plainte (il faut avoir le courage de  porter plainte).

Pour Frémiaux, ce qui est condamnable sont les faits qui contribuent à dégrader la considération physique et morale d’une personne et à dégrader sa santé physique et morale.

Malheureusement, la victime est souvent dans le déni. Quand à l’auteur de violence, il refuse de reconnaître qu’il est violent.

Les enfants sont souvent pris en otage. [Il fait tout que tout soit orienté [dans son sens]].

 

Paul Bensussan parlait du terme Pervers narcissique (employé à toutes les sauces), inventé par le psychanalyste Racamier, il y a 30 ans (La perversion narcissique est une forme de perversion décrite initialement par le psychanalyste Paul-Claude Racamier, qui utilisait cette expression pour parler d’un comportement et non d’un profil psychologique).

Il conseille aux victimes de ne pas se cantonner [s’enfermer] dans le statut de victime.

Il faut éviter aussi la « victimisation  à outrance ».

Il faut qu’elle s’exprime, supporte une aide extérieure ( ?) [ou ait un support extérieur ?].

 

 

Dans le documentaire, il y avait aussi comme praticiennes présentes :

Isabelle Nazare-Aga, comportementaliste.

Katia Mansah, psychologue.

 

Amicalement,

 

Benjamin

 

Notes : a) exemple de comportement pervers vu dans une série policière (Maigret) :

[Un tel va jusqu’à s’envoyer des lettres anonymes à lui-même, pour faire croire qu’il est victime d’une persécution].

B) sur la chaîne Histoire, un documentaire indiquait que Staline était au courant du suicide d’Hitler, mais qu’il l’avait dissimulé aux yeux du monde, afin de pouvoir accuser les pays occidentaux de cacher Hitler.

 



[1] Doc de France 5, hier, « les Amours toxiques », Le Monde en Face, France5, 04/06/2013, 20h45,

http://www.france5.fr/emissions/le-monde-en-face/amours-toxiques_60967   ou http://www.france5.fr/et-vous/France-5-et-vous/Les-programmes/LE-MAG-N-23-2013/articles/p-18215-Amours-toxiques.htm

[2] J'ai aimé un pervers, Mathilde Cartel, Editions Eyrolles, 2012.